Procédure d’effacement des dettes : comment elle fonctionne et ses conditions
98 % des dossiers de surendettement n’aboutissent jamais à un effacement pur et simple des dettes. Rares sont ceux qui franchissent ce cap ultime, réservé aux situations où tout a déjà échoué.
L’accès à ce dispositif suppose une situation financière jugée irrémédiablement compromise, vérifiée au terme d’une procédure précise. Seules certaines dettes sont concernées, et des conséquences durables peuvent en découler pour la personne qui en bénéficie.
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L’effacement des dettes : comprendre le principe et les situations concernées
L’annulation totale ou partielle des dettes, autrement dit la procédure d’effacement, concerne des particuliers ou entrepreneurs qui n’ont plus aucune marge de manœuvre. Ce levier, actionné par la commission de surendettement auprès de la Banque de France, ne se déclenche qu’en ultime recours, une fois toutes les solutions de remboursement ou d’aménagement épuisées. Selon la gravité de la situation, l’effacement peut être intégral, plus un centime à payer, ou limité à une partie des sommes, en tenant compte des capacités réelles de la personne concernée.
Quelles dettes sont concernées ?
Voici concrètement les types de dettes qui peuvent être effacées dans ce cadre très encadré :
- Dettes bancaires : crédits à la consommation, emprunts immobiliers, découverts sur compte.
- Dettes fiscales et sociales : impôts en retard, cotisations non réglées.
- Arriérés sur certaines charges courantes.
La loi Lagarde définit des limites précises. Ne sont pas concernées : les dettes pénales, pensions alimentaires, dettes liées à une activité professionnelle ou encore celles contractées après l’ouverture de la procédure. L’effacement n’est donc jamais général, ni automatique.
En l’absence de patrimoine à liquider, le rétablissement personnel permet de repartir sans dette pour ceux qui n’ont plus rien à vendre. Les entrepreneurs individuels sans salarié ni actif notable peuvent, sous conditions, demander un rétablissement professionnel : cessation de paiements, honnêteté du demandeur, absence de procédure de liquidation en cours. Si des biens existent, la liquidation judiciaire s’impose d’abord : les actifs sont vendus pour rembourser partiellement les créanciers, puis le reste des dettes peut être effacé.
À chaque étape, la commission de surendettement examine la situation, la nature des dettes et tente, si possible, de privilégier une solution moins radicale avant de valider l’effacement.
Quelles sont les conditions à remplir pour bénéficier d’une procédure d’effacement de dettes ?
Personne ne décroche un effacement de dettes sans franchir de nombreux filtres. Première étape, constituer un dossier de surendettement auprès de la commission de surendettement rattachée à la Banque de France. Ce dossier doit détailler la situation financière du demandeur : identité, justificatifs de revenus, charges fixes, détail de chaque dette. L’exactitude et l’honnêteté du dossier sont scrutées de près.
L’élément décisif reste la situation financière irrémédiablement compromise : le requérant doit démontrer qu’il est dans l’impossibilité manifeste de s’en sortir, même en réaménageant ses remboursements. Plus aucune solution amiable ne doit être envisageable. La commission vérifie aussi la bonne foi du demandeur, l’origine des dettes et l’absence de fraude. Toute tentative de dissimulation, et la porte se referme.
Pour prétendre au rétablissement personnel, la personne doit prouver qu’elle ne possède pas de patrimoine à liquider. Si le dossier concerne un entrepreneur individuel, le rétablissement professionnel impose : aucun salarié, actif inférieur à 5000 euros, cessation des paiements et aucune liquidation en cours.
Pour résumer les conditions, la commission examine :
- Un dossier complet et sincère : rien ne doit manquer pour permettre l’analyse de la situation.
- Une impossibilité durable de rembourser : il ne reste aucune alternative crédible.
- La bonne foi du demandeur : toute volonté de tromperie ferme l’accès à la procédure.
Au terme de l’examen, la commission de surendettement décide si l’effacement, partiel ou total, s’impose selon les critères stricts posés par la loi Lagarde.

Étapes clés, conséquences et conseils pour bien aborder l’effacement de dettes
La procédure d’effacement des dettes suit un enchaînement précis. Tout commence par l’étude du dossier par la commission de surendettement de la Banque de France. Dès que le dossier est jugé recevable, les poursuites s’arrêtent : plus de saisies, les intérêts cessent de courir. La commission entame ensuite des discussions avec les créanciers pour tenter d’aboutir à un plan conventionnel de redressement. Si ce dialogue n’aboutit pas, des mesures sont imposées, pouvant aller jusqu’à l’effacement total ou partiel des dettes.
Ce choix n’est jamais neutre. Il implique notamment une inscription au FICP (Fichier national des incidents de crédits aux particuliers) pendant cinq ans. Accéder à de nouveaux crédits devient très compliqué, les banques sont tenues de la plus grande vigilance. Grâce à la loi Lagarde, la commission doit trancher dans un délai de trois mois et, dès sa décision, toutes les poursuites sont suspendues. L’effacement concerne uniquement les dettes bancaires, fiscales ou sociales éligibles. Les dettes professionnelles, pénales ou survenues après le démarrage de la procédure restent exclues.
Avant de s’engager, mieux vaut dresser la liste précise de chaque dette. Les créanciers institutionnels, comme une banque ou le fisc, peuvent parfois exercer des recours même après effacement. Il est judicieux de se faire accompagner par un professionnel ou une association spécialisée et de préparer un dossier sans faille. Lorsque la perspective d’un rachat de crédits existe en amont, il est souvent pertinent de l’envisager avant de solliciter la commission. Car l’effacement des dettes, aussi libérateur soit-il, n’efface ni la mémoire des difficultés, ni le regard des établissements bancaires.
Sortir de l’impasse, ce n’est pas tourner la page d’un coup de baguette magique. C’est accepter de repartir à zéro, sous surveillance, mais avec la possibilité, cette fois, de bâtir des fondations plus solides. Qui prendra ce nouveau départ ?