Interdiction des diesels Euro 6 : état des lieux et perspectives
Des véhicules classés Euro 6, mis en circulation après 2014, se trouvent déjà visés par des restrictions dans plusieurs métropoles françaises. Certaines agglomérations appliquent des interdictions selon des calendriers différents, souvent plus stricts que ne l’impose la réglementation nationale.
Les dérogations accordées varient selon les territoires, créant des disparités importantes pour les automobilistes et professionnels. Face à ces règles complexes, les propriétaires de véhicules diesel récents découvrent que leur choix ne garantit plus l’accès à toutes les zones urbaines.
Plan de l'article
Où en est l’interdiction des diesels Euro 6 dans les ZFE françaises ?
Les zones à faibles émissions (ZFE) symbolisent la réponse concrète des grandes villes à l’urgence sanitaire provoquée par la pollution de l’air. Depuis 2019, la France a accéléré la mise en place de ces périmètres réglementés, restreignant la circulation des véhicules considérés comme les plus polluants. Paris s’est hissée en tête de file : la capitale prévoit dès 2024 d’interdire la circulation des diesels Euro 5, puis de s’attaquer à celle des diesels Euro 6 entre 2025 et 2030.
Ce mouvement fait tache d’huile. Lyon, Marseille, Grenoble ou Rouen avancent avec leur propre tempo, parfois de façon progressive, parfois plus radicale. Chaque métropole module ses règles selon la pression locale : état de l’air, densité de population, composition du parc roulant. Résultat : une cartographie morcelée où norme Euro et vignette Crit’Air dictent l’accès aux centres urbains.
Voici quelques illustrations de cette diversité territoriale :
- À Paris, la vignette Crit’Air 2, qui concerne les diesels Euro 6, sera progressivement écartée à partir de 2025-2026.
- À Lyon, la transition s’étale jusqu’en 2028, offrant un délai de respiration aux professionnels pour renouveler leur flotte.
- Dans d’autres ZFE, on observe des modalités différentes, avec des dérogations pour certains utilitaires ou pour les résidents locaux.
L’Union européenne ne ménage pas ses efforts pour inciter les grandes villes à muscler leurs zones faibles émissions mobilité (ZFEm), sous peine de sanctions. Le ton est donné : la réglementation va se durcir, mais le cadre évolue en permanence. Les voitures diesel, même récentes, se retrouvent au cœur du bouleversement urbain en cours.
Comment savoir si son véhicule est concerné et quelles alternatives envisager ?
Pour déterminer si un véhicule est visé par les restrictions de circulation des ZFE, il faut en priorité s’intéresser à sa vignette Crit’Air. Cette pastille, attribuée selon la norme Euro et le carburant, classe l’auto dans l’une des six catégories officielles. Les diesels Euro 6 relèvent le plus souvent de la Crit’Air 2. Un coup d’œil à la carte grise, section V.9, permet de vérifier la norme Euro du véhicule, information capitale pour circuler en zone réglementée.
La marche à suivre varie d’une métropole à l’autre : à Paris, l’exclusion des Crit’Air 2 est prévue dès 2025, alors que d’autres agglomérations visent plutôt 2028. Professionnels comme particuliers doivent anticiper, sous peine de sanction, toute infraction à la circulation en ZFE.
Face à ces restrictions, plusieurs pistes s’ouvrent, mais exigent une certaine préparation. Le rétrofit, conversion d’un moteur thermique en électrique, séduit de plus en plus, même si le coût reste élevé. Certaines aides, comme le bonus écologique ou la prime à la conversion, viennent alléger la note. Le marché de l’occasion, notamment pour les modèles essence ou hybrides, attire de nombreux citadins, stimulé par une demande en hausse.
Pour répondre à des besoins intensifs, le leasing social propose un modèle en location à prix réduit. D’autres optent pour le bioéthanol ou les biocarburants, à condition de disposer d’un moteur compatible, ce qui permet de limiter la consommation de carburant tout en réduisant l’empreinte écologique. Enfin, la réorganisation de la mobilité prend forme à travers le développement des transports collectifs et des solutions d’autopartage, forçant foyers et entreprises à revoir leurs habitudes à marche forcée.

L’instauration des zones faibles émissions ne se limite pas à un simple ajustement technique : c’est tout un pan du quotidien qui vacille. Dans les grandes villes françaises, la limitation progressive des diesels Euro 6 pousse à repenser la mobilité. Si l’objectif sanitaire est clair, les émissions de particules et de dioxyde d’azote doivent reculer, et les valeurs guides de l’OMS s’imposent désormais, la transition, elle, se fait dans la douleur.
Les ménages modestes, souvent propriétaires de véhicules plus anciens, sont les premiers à subir le choc. Le budget transport explose : coût du renouvellement, rareté des offres sur le marché de l’occasion, anxiété de ne plus pouvoir vendre un diesel devenu indésirable. En périphérie et dans les zones rurales, faute de transports publics performants, l’inégalité se creuse. La dépendance à l’automobile reste une contrainte majeure, rendant l’adaptation plus difficile qu’au cœur des centres urbains.
Plusieurs réalités concrètes se dessinent :
- Pour l’industrie automobile, il s’agit d’un double défi : ajuster la production tout en évitant une vague de suppressions d’emplois dans la filière diesel.
- Le secteur du leasing social et du rétrofit tente d’apporter des réponses, mais les délais et les tarifs freinent encore la dynamique.
Dans les métropoles, l’essor de la mobilité douce, vélo, marche, autopartage, reconfigure les usages et l’espace urbain. Pourtant, la fracture ne se résorbe pas : alors que certains profitent de solutions hybrides, d’autres redoutent d’être relégués. La création de zones sans diesel met à nu des tensions sociales profondes, que seules des politiques publiques audacieuses et ciblées pourront apaiser. Face à ces mutations, chacun sent bien que la route sera sinueuse, mais impossible de tourner le dos à cette transformation qui redessine déjà la carte des mobilités.